Quand arrive Maslenitsa...
Mot : Blini... Et traditions...
Blini : du russe Блины (pluriel de Блин) = crêpes.
Une certaine confusion sur le terme règne, probablement due au
fait que le mot fut adopté dans différents pays et différentes
langues et adapté a différentes traditions culinaires avant
d'arriver, relativement récemment, dans le domaine
francophone. Toujours est-il que selon mon expérience, les
blinis russes (Блины) sont des crêpes ma foi forts semblables aux
crêpes belges... à la différence près qu'elles peuvent être
accommodées (comme en Bretagne) aussi bien en salé qu'en
sucré, avec une (quasi infinie) variété de "garnitures". Ce qui
tombe à pic pour la "semaine des crêpes"...
Maslenitsa (Масленица) est une célébration qui s'apparente (pour nous) à un mélange de mardi gras et de chandeleur qui durerait une semaine... Le point commun avec notre mardi gras est qu'il s'agit de la dernière semaine
avant le carême. Dernière occasion de "faire gras", comme on disait naguère... Le point commun avec la
chandeleur, ce sont les crêpes, qui dans notre tradition sont un très ancien
symbole solaire, le calendrier chrétien s'étant "superposé" à un calendrier plus ancien. Bien que certains remettent en question cette idée de symbole solaire en ce qui concerne la tradition slave, aujourd'hui, les crêpes sont en tout cas le symbole le plus important de Maslenitsa en Russie, alors qu'auparavant ce n'était qu'une de ses composantes. La crêpe est un aliment commémoratif russe traditionnel. Maslenitsa étant associée au culte des ancêtres, les crêpes sont progressivement devenues son plat principal. On les mange, on les offre aux parents et amis, on les donne, on les apporte sur les tombes, on les place sur les rebords des fenêtres "pour le souvenir des âmes". Elles sont servies avec toutes sortes de garnitures... On a, pour la semaine, fort heureusement, que l'embarras du choix...
Dans la tradition, chaque jour avait une signification et des rituels bien précis. Le lundi était le jour des retrouvailles de Maslenitsa. Une effigie de Maslenitsa (qui me rappelle notre "bonhomme hiver") était fabriquée et promenée dans les villages. On commence à cuisiner des crèpes... Le mardi était un jour de jeux et de rencontres entre entre jeunes gens en âge de se marier... Le mercredi, jour des crêpes de belle-mère ou jour gourmand. Ce jour, la belle-mère (la mère de l'épouse) préparait des crêpes pour les donner à son gendre (pour entretenir les bonnes relations, rien de tel que la gourmandise)... Le Jeudi était traditionnellement dédié à divers jeux hivernaux, promenades en traîneau, patinage, etc. Ainsi que de combats entre les hommes (pas toujours inoffensifs)... Le vendredi est l'inverse du mercredi. C'est le gendre qui recevait sa belle-mère et sa femme qui préparait des crêpes (notez que le gendre à la belle vie dans l'histoire, le vendredi comme le mercredi, il ne fait que manger)... Samedi était le jour de réunion des belles-soeurs, il était coutume d'accueillir les "zolovki" et leur familles ("zolovka" en russe désigne la soeur du mari)
Cette semaine de réjouissance se termine par le "Dimanche du pardon". C'est le point culminant de toute la semaine, dernier jour avant le début du Carême. Jour où chacun se fera un devoir à la fois de demander pardon aux membres de sa famille et aux proches, et de leur accorder son pardon (et réciproquement)... Pas d'autoflagellation ici, je rassure ceux en qui l'idée aurait réveillé des souvenirs de catéchisme, et de l'apprentissage de la confession au cours duquel tous les enfants que nous étions, fort tracassés à l'idée de n'avoir rien fait de bien mal (selon les standards de l'époque) finissaient par avouer au prêtre avoir "tiré les cheveux de leur soeur", ou de lui avoir, à défaut, tiré la langue (quelle horreur !), pour satisfaire à l'exercice... Il ne s'agit pas ici de confesser des faits précis, à ce que j'ai compris (et sauf cas particulier) mais simplement de reconnaître que le vivre ensemble ne se fait pas sans heurts, et que sans pardons réciproques, on finirait par accumuler les rancœurs... Et, à la très jésuitique objection que ce n'est pas que ce jour là qu'il faut pardonner mais que c'est une attitude générale nécessaire (ce qui est valable aussi, par exemple, pour la fête des mères, la Saint-Valentin, etc...), notre nature humaine étant ce qu'elle est, c'est précisément parce que nous ne faisons pas tous les jours ces choses que nous devrions faire - et que si "cela va sans dire", cela va souvent encore mieux en le disant - le plus simple reste de fixer un jour, pour se le rappeler...
Et la semaine se termine en brûlant l'effigie de Maslenitsa... Ce qui ne manquera pas de vous évoquer nos Grands Feux de Wallonie...
Autres Notes interculturelles...
"Si vis pacem..." l'article, manifeste, en quelque sorte, de notre association.
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